
Il faut lire Frédéric Lordon
Frédéric LORDON ?
L'un des économistes atterrés, le trublion du Monde Diplo, le structuraliste énergétique (et même énergique ! ), le Spinoziste Percutant, le spécialiste des OPA hostiles, le Directeur de recherche au CNRS qui parle de la "paluche baladeuse" de Mâme Le Pen, le prof qui fait des cours sur le Conatus et les affects tristes et joyeux dans le Marché de l'art...
Il faut lire Frédéric Lordon, ne serait-ce que pour retrouver le sourire. Soit seul. Soit avec ses copains, Citton ou Orléan... Des marrants, ces gars. Stimulants pour la pensée. Empêcheurs de ronronner à gauche. Percuteurs d'idées reçues. Il faut lire Frédéric Lordon parce qu'il écrit bien.
Il faut lire Frédéric Lordon - Introduction
I - « Faire faire : La servitude volontaire n’existe pas »
II - « Joyeux automobiles : Les apories du consentement »
Conclusion
Notes de bas de page
Références bibliographiques
Pour commencer sur l'Arbre à Palabre, je vous propose ma petite lecture (réductrice et orientée) de "Capitalisme, Désir et Servitude", livre paru fin 2010. Et je vous invite à explorer la biblio par vous-même, ou à vous faire plaisir avec l'une de ses conférences à voir sur DM ou YT, ou à regarder les émissions de Arretsurimages.net où il est invité : un régal.
Donc, ma lecture de :
Frédéric LORDON, "Capitalisme, désir et servitude. Marx et Spinoza", Paris, La Fabrique éditions, 2010. 213 p.
Frédéric Lordon, économique critique – ou encore : économiste hétérodoxe de l’école de la Régulation – directeur de recherche au CNRS et membre du Centre de sociologie européenne créé par Pierre Bourdieu, nous a habitué depuis quelques années, à poser les questions qui fâchent(1). Dans son dernier ouvrage, "Capitalisme, désir et servitude. Marx et Spinoza", paru en novembre 2010 aux éditions La Fabrique, il s’attaque avec une vigueur jubilatoire à une expression qui fait florès depuis plus d’une dizaine d’années dans tout le champ de la sociologie et de la psychologie de travail, à tel point qu’elle est reprise bien au-delà de ce champ, et dont le sens apparaît précisément comme « allant de soi » : la "servitude volontaire". On ne s’étonnera pas que l’un des sociologues critiques formés par Bourdieu, sociologue qui a notamment développé « l’idée selon laquelle l’action sociale est gouvernée par des dispositions acquises par immersion durable dans des jeux sociaux » [Wacquant, 2002](2) ne se satisfasse pas si facilement de cette « production idéologique » [Bourdieu, 2001] (3) issue du champ de l’analyse du travail.
Syntagme poétique ? Notion ? Concept ? Quoi qu’il en soit exactement, cette "servitude volontaire" – ayant accédé pour beaucoup au statut d’« évidence » - amène Frédéric Lordon à réinterroger le fonctionnement du capitalisme et de son avatar actuel, le néolibéralisme, à travers les concepts spinozistes, ou plus précisément à croiser « l’anthropologie spinoziste des passions» avec « la théorie marxiste du salariat » (4), comme il se doit quand on s’est donné comme projet pluridisciplinaire un «programme de recherche spinoziste en sciences sociales » [Lordon, 2001](5) . Ce faisant, il aborde, à travers la question du libre-arbitre - plus exactement de la « fiction du libre-arbitre »(6) -, ses présupposés et son « rapport avec une certaine configuration intellectuelle au sein de laquelle elle prend son caractère d’évidence ». Cette configuration intellectuelle est pour lui une « métaphysique de la subjectivité » (6) qui a donné lieu à ce qu’il appelle par ailleurs « les psychologismes » [Lordon, 2008](7) . Pour autant, en affirmant que « la servitude volontaire n’existe pas » et en développant sa critique des « apories du consentement »(8) , Frédéric Lordon s’adresse avant tout à la psychologie et à la sociologie du travail, non pour « y ajouter dans leur registre propre », mais pour leur faire une « proposition plus abstraite en laquelle elles pourraient le cas échéant puiser quelques éléments (…). Marx et Spinoza. » (9)
Puisque le projet de "Capitalisme, Désir et servitude" est de s’étonner de cette idée si bien partagée de « volonté de servir, de cette volonté d’être serf » (10), on pourra à juste titre chercher dans le champ épistémologique propre à Christophe Dejours (11) et Roland Gori(12) , tous deux psychanalystes et théoriciens ayant développé et fait connaître le concept, la trace de cette « volonté » ou de tout autre action « volontaire ». Et puisque la thèse de Lordon est placée sous l’égide conceptuelle de Spinoza, dont les spécialistes vantent la plasticité, il ne sera pas scandaleux de « philosopher un peu », en n’oubliant pas cependant que la démonstration de Lordon, pour brillante soit-elle, s’apparente parfois à une « leçon magistrale », sans véritable dialogue pluridisciplinaire, et sans trop de nuances.
La suite
I - « Faire faire : La servitude volontaire n’existe pas »
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Sommaire :
Il faut lire Frédéric Lordon - Introduction
I - « Faire faire : La servitude volontaire n’existe pas »
II - « Joyeux automobiles : Les apories du consentement »
Conclusion
Notes de bas de page
Références bibliographiques
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